UNE TRISTE SOIREE

Publié le par La fée Carrabosse

 

Nous nous sommes aventurés à une soirée poésie où les conteurs étaient des enfants. C'était mignon, leur maladresse nous touchait, très peu connaissaient leur texte par coeur et certains même les lisaient en ânonnant. Mais nous étions toute indulgence. Et nous souriions de les voir si drôles. Il y avait la jolie avec  son petit visage aux yeux trop grands, Jean de la Lune qui avait oublié de monter sur l'estrade et dont l’absence n'avait pas troublé ses camarades qui simplement enchaînaient en sautant ses répliques. Donc  à son arrivée, avec quelque retard et après un grand éclat de rire,  tout fut repris du début. Enfin quelques petites plus douées surent nous charmer.

Finalement nous avions passé une bonne soirée nous aimons les enfants, et à notre âge nous n'avons guère de contact avec eux. D'autant que mon handicap me gêne et me tient à l'écart. Donc ignorant qu'il s'agissait d'une soirée enfantine nous nous étions égarés là sans regrets. La soirée était terminée mais nous ne nous pressions pas pour partir désireux de ne pas être bousculés. Lorsqu'une petite fille voulue absolument passer devant moi alors qu'il n'y avait pas la place mes genoux touchant à la chaise de devant. Comme il m’est totalement impossible de me lever seule ou de bouger mes jambes, encore moins de reculer ma chaise, rien ne pouvait faire qu’elle passe. Aussi elle avait beau  pousser le plus qu'elle pouvait, mes hanches bloquées ne cédaient pas et me faisaient seulement souffrir. Je lui criais donc : « arrête, arrête » mais l'enfant de cinq ou six ans ne l'entendait pas de cette oreille. Emporté par la douleur je me résignait à lui donner deux petites tapes sur les fesses, tout à fait à ma portée, étendues sur mes jambes. La maman arrivait, elle ne vit que mon geste et s'exclama : « Mais ça va pas non ! » En me donnant une gifle. Je crois que ma surprise fut telle que je la lui rendis. Arriva le mari qui soulevant la fillette m’apostropha :

- ça vous arrive souvent que frapper les gens?

- non jamais, jamais je vous assure ce n'est pas mon genre, j'insistais encore, j'ai élevé ma fille sans seulement lui donner une gifle... mais la petite m'a fait très mal, je suis handicapée.

Je n'avais pas crié, pas élever la voix, seulement triste, comprenant un peu cette femme à la réaction animale, j’avais touché à son bébé. Peu désireuse de poursuivre, honteuse de cette altercation, je demandais à mon mari de me lever. Il me prit dans ses bras pour se faire. Je sentis  toute la colère de ces gens retomber devant cette vieille dame. Ils se confondirent en excuses. À vrai dire je ne le leur en voulais pas et les priais même de m'excuser.

Immédiatement j'avais pensé à tous les enseignants si souvent confrontés à de telles situations. L'amie qui nous avait invité nous conta alors l'anecdote dont sa petite fille, monitrice de centre aéré, lui avait fait part.

Lorsque j'étais enfant quand maman venait me chercher au centre elle demandait immanquablement à la monitrice : « Alice a-t-elle été sage ? » Aujourd’hui lorsque les mères viennent chercher leur fille, se penchant vers elle, elles questionnent : « Alors, la monitrice a été gentille avec toi ? »

Je rapportais cela à ma bru, elle aussi enseignante, qui en  conclusion dit : « c'est un résumé saisissant de la situation. »

 

Hélas ! En rentrant chez moi ce soir-là, j’appris qu'une enseignante venait d'être poignardée par un élève de 13 ans !

 

Parents prenez garde à vos enfants personne ne peut les éduquer pour vous.

Publié dans petit essai

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